Nos villages, la « campagne », le paysage rural est parsemé d’éléments du patrimoine. Chaque commune est fière de posséder sur son territoire des monuments classés, des biens inscrits à l’inventaire du patrimoine.
Les Journées du patrimoine connaissent chaque année un succès de foule. Pourquoi un tel engouement ? Pour quelles raisons tout un chacun se sent–il concerné par le patrimoine et sa sauvegarde ? N’est-on pas face à une forme d’obsession patrimoniale ?
L’ACRF-Femmes en milieu rural souhaite mettre cette énergie tournée vers le passé au service de l’avenir du collectif.
Que faut-il conserver ? Quel est le sens d’un héritage commun ? Comment s’accomplit la transmission, et au nom de quoi ? A la charnière entre l’individu, la famille et la collectivité, le patrimoine reste l’objet de représentations et d’intérêts les plus divers, et sa gestion met en jeu l’avenir des sociétés. Les formes de représentation des symboles culturels, le gel des territoires, la protection des espèces menacées, entraînent des stratégies qui appellent la nécessité d’une éthique, d’une réflexion tournée vers l’avenir.
Le « patrimoine » est aujourd’hui une notion polysémique, mobilisée par différents acteurs (chercheurs, élus, techniciens, journalistes, etc.). Si, à l’origine, le terme désignait l’héritage venant du père (voir infra), il est aujourd’hui considéré comme un produit social et collectif, défini en tant que « bien commun » à différentes échelles, objet de mobilisations associatives, de politiques publiques et de reconnaissance internationale.
Comment donner du sens aux actions de sauvegarde et de valorisation du patrimoine ? Cela peut se faire en créant des projets innovants, en donnant de nouvelles affectations utiles à la collectivité (ex : faire d’une grange un lieu de rencontre, faire d’une ferme des logements sociaux…), en faisant coexister la sauvegarde patrimoniale avec une réalisation contemporaine, en mêlant passé et art contemporain. Il faut construire de nouveaux récits ancrés dans notre temps, cela participe à une action de pédagogie vivante et permet de se tourner vers l’avenir. C’est dans cette démarche que l’ACRF – Femmes en milieu rural s’inscrit quand elle en a l’opportunité et si ce type de réalisation abouti c’est au terme d’un processus de réflexion collective, en d’autres mots au terme d’un processus d’éducation permanente.
Ce qui importe en dernier lieu, c’est ce que l’on transmet et la façon dont on le fait, et de laisser la possibilité à ceux qui nous succéderont d’en jouir à leur façon, façon qui peut inclure la possibilité qu’ils le détruisent en une sorte, aurait dit Mallarmé, de « reddition de comptes simplificatrice » (dans « Parenthèse », Crayonné au théâtre) par rapport à leur passé (notre présent), satisfaction ultime par laquelle un désir se clôt et ruine son objet.
L’ACRF-Femmes en milieu rural souhaite qu’une vision prospective accompagne les actions mobilisatrices en faveur du patrimoine pour donner un sens à notre avenir. Elle sera particulièrement attentive à tout ce qui concerne le patrimoine féminin, tant matériel qu’immatériel.
Comments